Deux pères, l’un israélien et rescapé de la Shoah, l’autre palestinien, perdent chacun leur fille, victimes du conflit qui perdure. On pourrait croire à un énième récit inscrit dans l’Histoire. Mais la structure de la narration et son titre qui intrigue lui donne sa force et une certaine coloration.
Apeirogon : figure géométrique au nombre infini de côté
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Tous les personnages sont réels même si les faits, les détails ont été réécrits sous sa plume, ce qui est bien sûr un parti pris indiqué par l’auteur. Sans être indifférent aux attentats et intifada dans la région qui sont régulièrement évoqués aux informations, on prend à nouveau conscience de l’absurdité de cette guerre avec ses victimes collatérales. Il réussit à porter avec une voix nouvelle ce drame avec force de détails, d’éléments poétiques, et toutes ces histoires imbriquées dans un conflit historique qui les enterre et les fait disparaître. Ces affrontements qui se perpétuent depuis des décennies sont présentés sous un jour différent avec le travail des associations, qui existent réellement et visent à sortir du cercle de la vengeance entre les deux camps.
♦♦♦ Apeirogon ♦♦♦
Il s’agit d’un récit construit sous différentes perspectives. La structure de l’oeuvre permet au lecteur de se plonger de façon sensible dans l’histoire de ces deux pères.
Ce roman à de multiples facettes, reflète la complexité du conflit et des liens qui se créent entre les personnes liées dans ce drame orchestré par la politique.
L’auteur alterne dans ces paragraphes des textes en lien avec l’histoire des pères, mais aussi la musique, la littérature, l’histoire, la politique, des faits divers, des photos, etc.
Tout fait sens. Il n’est pas nécessaire d’avoir des transitions ou de longs enchaînements pour passer de la poésie aux checkpoints, de Los Angeles aux faucons et Freud. Il arrive habilement à construire des ponts, des associations d’idées.
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Ces dernières m’ont plus parlé que la construction des chiffres qui ne manquera pas d’interpeller le lecteur.
Les sections plus ou moins longues – de quelques lignes à plusieurs pages – sont en effet numérotés jusqu’à 500 et à mi-parcours nous faisons le chemin inverse avec le récit en nombre décroissant avec en césure un chapitre intitulé 1001. Nous avons un peu cherché les liens entre les paragraphes portant le même numéro. Les obsessionnels des nombres pourront creuser d’autres options. Les possibles correspondances sont une autre piste de lecture, ne serait-ce qu’à cause du titre qui est un terme de géométrie. Pour nous, la lecture linéaire nous a suffi. Mais peut-être qu’une lecture par les chiffres – un petit caillou laissé par l’auteur – donnerait aussi un autre relief au roman. Et encore un angle d’interprétation.
Le lecteur peut aborder ce récit à tiroir sous différents angles, une sorte de jeu de piste qui invite également à la réflexion.
Dans toutes les bonnes librairies, aux éditions Belfond, 23€
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C’est jamais fini